LIBÉRATION DE VIZILLE LE 22 AOÛT 1944 3/5

VIZILLE AU COEUR – LIBÉRATION DE VIZILLE LE 22 AOÛT 1944 (POST 3/5)
EXTRAIT DE TEXTES ÉCRITS PAR JEAN MÉTRAL,
PRÉSIDENT DU COMITÉ LOCAL DE LIBÉRATION DE VIZILLE.
Jean Métral devient le premier Maire de Vizille après la libération…

🇫🇷 Tir des Américains, riposte allemande ; mais une fièvre a l’air de s’emparer des boches que nous voyons à travers les interstices de notre couvercle ; certains ouvrent leurs portefeuilles, jettent des papiers (probablement compromettants), ou des photos, dans le canal ; certains, des armes même. Nous entendons une détonation plus forte et des boches qui rentrent la pièce de canon qui se trouvait devant la porte d’entrée ! les hommes gesticulent. Ceux qui tiraient avec la pièce intérieure, qui n’était pas loin de nous, se mirent également à faire de grands gestes, comme s’ils voulaient dire à leurs camarades que leurs officiers avaient disparu dans cette direction (montrant le Péage).

Au bout de quelques minutes un artilleur boche fit également sauter la pièce intérieure, ce qui provoqua de nombreux jets de cailloux contre notre couvercle de caisse et … tous les Allemands se précipitèrent qui, au pas de course, qui sur des vélos dans la direction prise par leurs officiers : vers le Péage et alors que le tir des pièces américaines s’allongeait vers ce lieu.
La concierge du château, Madame Lardet, fit son apparition à l’angle du bâtiment de la conciergerie, voulant savoir ce que nous étions devenus. Je me levais alors en lui demandant : « Où sont-ils » ? « Tous partis » me répondit-elle. Quels soupirs, quel soulagement pour nous ! Ce qui aurait pu être une lamentable tragédie, un cauchemar venait de s’évanouir. Menu et Pontonnier s’en allèrent tranquillement ; quant à moi j’avisais parmi les nombreuses bicyclettes entreposées pêle-mêle, une des plus belles, presque neuve avec deux phares chromés à l’avant et l’enfourchant, je m’enfuis du château pendant que crépitaient les coups de feu çà et là rue Emile Cros et rue Aristide Briand.

Après avoir traversé la place, au début de la rue de la République, je vis deux colonnes et en file indienne, rasant les murs d’un côté, des petits gars F.F.I. de l’équipe de Rossi ; de l’autre, de grands et beaux gaillards Américains. Je leur criai : « Allez vite au château les boches se sauvent ». Ils se mirent alors au pas de gymnastique pour traverser la place, pendant que je me rendais à la Mairie ; Passant devant la poste dont les fenêtres étaient ouvertes, je vis mes amis du Comité de Libération tous réunis et naturellement très inquiets sur le sort qui m’avait été réservé et tous très heureux de me revoir sain et sauf; je leur donnais force détails.
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L’idée me vint alors de téléphoner à ma femme qui était aux Papeteries pour la rassurer au cas où elle aurait appris le rôle qui m ‘avait été dévolu. C’est une tierce personne qui prit la communication, la transmit à mon épouse qui ne comprit absolument rien, ignorant tout de ce qui s’était passé (pendant midi tous les ouvriers et employés des Papeteries habitant Vizille, devant la fusillade et la canonnade, étaient restés au Péage).
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Il est bien exact que ce n’est que lorsque les deux colonnes américaines prévues et installées, l’une sur la route de Laffrey, l’autre route de Brié, furent arrivées que les bombardements commencèrent vers 13h30, ce qui nous sauva la vie in-exirêmis. Retournant au château vers 16 heures la bagarre se déplaçait vers le Péage ; les gars du maquis de l’Oisans, descendus à la suite des boches, les attaquaient par revers. Les Américains, sans cesse, avait repris leur route sur Grenoble. La milice patriotique, les F.F.I. entrés par la porte du château et ceux du maquis après la bataille du Péage faisaient leur jonction en ramenant passablement de prisonniers.
Beaucoup d’Allemands malgré tout, purent sauter par-dessus le mur du parc du côté de la montagne et rejoindre par Vaulnaveys et Uriage dans les bois, d’autres unités allemandes qui livrèrent le lendemain la bataille de Gières.

‼️‼️ suite demain…